Interprétation de conférence
Traduction

DEVENIR INTERPRETE DE CONFERENCE

Les parcours incroyables racontés par nos interprètes à Paris

Claudine, interprète français anglais :

« Je fais partie de ces interprètes qui sont nés en France, de parents à 100% français, qui n'ont vécu qu'en France et ont toujours voulu devenir interprètes, sans vraiment savoir ce qu'était ce métier !

Je me voyais déjà multilingue, à défaut d'être polyglotte, parcourant le monde et les cercles diplomatiques...

Je n'imaginais pas que je serais surtout parisienne, travaillant dans deux langues seulement (mais quelles belles langues !) et que j'en serais absolument ravie.

En plus de l'ouverture, des rencontres improbables, des situations farfelues, de la nourriture intellectuelle en continu pour satisfaire une curiosité sans cesse stimulée, je n'imaginais pas que ce métier me donnerait une telle liberté... et je lui en suis à jamais reconnaissante ! »

Gillian, interprète anglais français :

« Devenir interprète a toujours été mon rêve !

J'ai toujours adoré apprendre des langues étrangères, depuis le lycée, et j'ai même commencé à apprendre le swahili toute seule pendant de longues vacances d'été.

Il y a avait pour moi dans le métier d'interprète à la fois le mystère et la fascination que j'ai toujours éprouvés pour les langues étrangères.

J'ai enfin réalisé mon rêve vers le milieu de ma trentaine. Après avoir eu trois enfants, j'ai décidé que j'avais besoin d'un job – et pourquoi ne pas enfin faire ce que j'avais toujours rêvé de faire ?

Cela m'a pris 3 ans de cours de soir, de travail et de pratique acharnés en parallèle de l’éducation de mes enfants, avec, heureusement, le soutien infaillible de mon mari.

En 1996, j'ai obtenu le diplôme tant désiré de l'une des meilleures écoles d'interprétation, à Paris. »

Céline, interprète français anglais :

« Comment suis-je devenue interprète ?

Par des voies détournées, puisque j'ai d'abord été professeur du second degré en collège et lycée. Après avoir enseigné pendant six ans, j'ai éprouvé une certaine fatigue et j'ai commencé à envisager un changement de voie.

C'est mon conjoint qui le premier a émis l'idée que je puisse devenir interprète.

Je me suis renseignée sur la profession, les formations et un an plus tard, j'étais revenue sur les bancs de l'école, étudiante en Master d'interprétation à l'ESIT. Mon diplôme en poche, j'ai commencé à travailler comme interprète et je peux dire que cette profession m'apporte ce que j'ai toujours cherché.

C'est un métier stimulant et varié, il n'y a pas deux missions semblables et chaque fois, c'est un nouvel univers que l'on découvre, un nouveau domaine, de nouvelles personnes.

Un métier formidable, en somme, et je suis contente que ce soit devenu le mien ! »

Margaret, interprète français anglais :

« A la fac, j’ai été très choquée d’apprendre que dans certaines régions du monde, les populations n’avaient accès ni à l’éducation, ni à la justice, parce qu’elles ne parlaient pas la « bonne » langue. Je trouvais terriblement triste la réaction de ces populations, qui était de cesser de parler leurs langues au profit des langues plus « utiles ». J’y étais d’autant plus sensible qu’à 15 ans, j’avais quitté le monde anglophone pour le monde francophone et la transition avait été difficile ; j’avais l’impression d’avoir perdu une partie de moi-même.

J’ai fait une thèse en linguistique africaine, publiant une grammaire d’une des centaines de langues à tradition orale en Tanzanie, le kilangi. Même si un conte dans cette langue a l’honneur de se trouver dans la collection du Musée du Quai Branly, j’ai été déçue par l’impact de mon travail.

En 2008, j’ai été envoyée à Nairobi représenter l’Université Lyon 2 à une conférence de l'ONU sur la traduction et l’interprétation pour l’Afrique et j'y ai appris qu’en France aussi, il y avait besoin d’interprètes bilingues... et me voilà interprète. »

Gabriela, interprète français anglais espagnol :

« Lorsque j’étais petite et qu’on me demandait ce que je souhaiterais si je n’avais qu’un vœu, je répondais : « pouvoir parler toutes les langues du monde !».

Aujourd’hui, mon rêve n’est bien évidemment pas devenu réalité mais mon métier d’interprète de conférence me permet de m’épanouir professionnellement en exerçant une activité qui me passionne et dans laquelle je me sens réellement utile.

J’ai découvert ce métier sur le tard. Un bac L en poche, j’ai poursuivi des études Langues et Civilisations Étrangères anglais avec options espagnol et portugais. Après avoir obtenu ma licence, je suis partie vivre et étudier en Espagne avant de présenter l’examen d’entrée directe à l’ISIT en section Traduction Affaires Internationales de l’époque. C’est à ce moment que j’ai eu un premier contact avec le métier d’interprète en effectuant quelques missions bénévoles en tant qu’interprète de liaison. Cela a été un véritable déclic pour moi et je n’ai plus eu qu’un objectif en tête : devenir interprète de conférence.

J’ai poursuivi mes études en troisième cycle et obtenu mon diplôme d’interprète de conférence en français, anglais, espagnol.

Le chemin pour en arriver là a été long et souvent difficile mais cela en valait la peine.

Ce métier est exigeant, souvent stressant et demande une grande capacité d’adaptation et de concentration mais il me permet aussi de continuer à apprendre sans cesse, de découvrir des domaines très variés et des personnes de tous horizons. »

Natasha, interprète russe anglais français :

« Comment suis-je devenue interprète ?

Et bien, c'est à l'issue d'un processus long et complexe ; au départ, devenir interprète était loin d'être une évidence.

Quand j’ai eu 7 ans, mes parents m’ont inscrite dans une école d’études approfondies d'anglais, en Russie. En Terminale, j’avais déjà un bon niveau d’anglais, entre autres grâce à deux séjours linguistiques - en Angleterre et aux États-Unis. J’aimais cette langue et l'idée de la maîtriser parfaitement me plaisait beaucoup.

Lorsqu’il a fallu prendre une décision sur la suite de mes études, après le bac, je n’ai pas hésité. J’ai passé le concours d'entrée de l’Université des langues de Moscou et j'y ai fait un Master en linguistiques appliquées, en me spécialisant dans 2 langues étrangères - l'anglais et le français.

Mon diplôme en poche, j’ai d’abord travaillé comme professeur d’anglais au lycée, puis comme guide-interprète. C’est alors que j’ai réalisé que je voulais exercer un métier qui me permettrait de combiner mes connaissances linguistiques avec une dimension de communication, et c’est le métier d’interprète de conférence qui allait m’offrir cette possibilité.

Quelques années plus tard, je suis venue m'installer en France pour des raisons personnelles, et ce n'est qu'alors que j'ai passé les examens de l’École supérieure d’interprètes et de traducteurs (ESIT) à Paris et que j’ai commencé à y suivre le cursus de Master en interprétation de conférence - un cursus qui nécessite un engagement total, une grande rigueur et une persévérance à toute épreuve. »

Antje, interprète allemand français anglais :

« Depuis toujours, je suis fascinée par les langues.

Les langues étrangères ont toujours été pour moi une façon de m’évader bien avant que je puisse voyager réellement.

Après avoir fait des études de traduction et d’interprétation, je suis venue en France pour faire une année d’études supplémentaire à la Sorbonne... et je ne suis jamais repartie.

J’ai suivi une formation en traduction et en interprétation, mais je fais surtout de l'interprétation et j’apprécie tout particulièrement la diversité que m'offre cette activité : il n'y a pas deux journées de travail qui se ressemblent et on a toujours l'occasion d'apprendre - que ce soit à travers les sujets traités ou grâce aux personnes rencontrées dans le cadre des missions. »

Vadim, interprète russe français anglais :

« Tout a commencé en 1956 avec la venue d'Yves Montand en Union Soviétique.

C'était la première tournée d'un chanteur « occidental » après la mort du « Père des peuples », Staline. Elle se déroulait en grande pompe, d'autant plus que beaucoup d'artistes occidentaux, sympathisants de l'URSS à une époque, lui avaient tourné le dos après l'insurrection de Budapest et l’invasion soviétique en Hongrie.

Yves Montand a aussi exprimé son mécontentement, mais n'est pas allé jusqu'à annuler sa tournée.

À l'époque dont je parle, j’avais 6 ans et ma famille revenait tout juste à Moscou après avoir vécu dans la région de Krasnoyarsk, lieu de résidence assigné de mon père après 12 ans au Norilliag (camps de détention situé dans la région de Norilsk).

L’une de nos premières acquisitions à Moscou était un poste de télévision de la marque soviétique « Loutch », pourvu d’un écran microscopique et d’une loupe.

Un jour, ma mère a allumé la télé et j'y ai vu un bel homme, très élancé, portant de beaux habits et ne ressemblant à rien de ce que j'avais pu voir jusque là. Cet homme chantait. Bien sûr, je ne comprenais pas ce qu'il disait, mais il était tellement élégant et son allure si gracieuse que j'étais littéralement envoûté par le spectacle.

J'ai alors demandé à ma mère qui était ce monsieur et dans quelle langue il chantait. J'ai appris qu'il s'appelait Yves Montand et qu'il chantait en français. J'ai voulu savoir si la France était un pays socialiste, et lorsque ma mère m'a répondu que non, j'ai éclaté en sanglots : enfant, j'étais très patriote, et savoir un pays dont les gens parlaient une si belle langue sous la dictature capitaliste me faisait de la peine.

C'est ainsi que je suis tombé amoureux de la langue française.

Cet amour est resté non réciproque jusqu'à mes douze ans, année où notre collège s’est spécialisé dans l'enseignement approfondi de la langue française. C'est alors que j'ai commencé à apprendre cette langue, avec une persévérance qui m'a permis de réussir mon examen d'entrée à la section de traduction et d’interprétation de la faculté des langues étrangères de l'Université de Moscou, et ce malgré mon « 5ème point » qui aurait dû être rédhibitoire (5ème paragraphe du passeport – nationalité ; dans le cas présent, nationalité juive. La citoyenneté et la nationalité sont deux notions différentes en URSS).

J’ai ensuite eu des contacts d'abord semi-légaux, puis complètement illégaux avec des Français, et surtout des Françaises. Peu de temps après l'obtention de mon diplôme, j'en ai épousé une et 5 ans plus tard, j'ai quitté l'Union Soviétique.

Ainsi, sans l'avoir réellement réalisé, je rêvais de devenir interprète depuis l'âge de 6 ans et je travaille en tant interprète depuis 1972 ! »

Tania, interprète espagnol anglais français :

« J'ai toujours été douée pour les langues et je me suis intéressée à tout ce qui touchait de près ou de loin les cultures des autres pays.

De langue maternelle espagnole, j'ai été exposée aux langues étrangères et aux cultures des autres pays dès mon plus jeune âge. Adolescente, je parlais déjà - en plus de l'espagnol - l'anglais, le français, l'italien et le portugais.

À l'âge de 14 ans, j'ai participé à une visite guidée de l'ONU à New York ; j'ai découvert à cette l'occasion le rôle que jouait cette organisation dans le monde et tout particulièrement dans la promotion des droits de l'homme, ainsi que le rôle qui revenait aux interprètes au sein de cet organisme.
Ce jour-là, ma décision était prise : j'allais devenir interprète !

Je participais déjà à cette époque aux différentes activités en rapport avec la société civile, et j'ai eu, à plusieurs reprises, l'occasion d'utiliser mes capacités linguistiques. Une fois ma future profession choisie, j'ai commencé à œuvrer dans ce sens et à concrétiser mes projets pour atteindre cet objectif.

J'ai étudié à l'Université de Bologne en Italie, à la Sorbonne en France, aux universités de Vigo et de Barcelone en Espagne. J'ai effectué un long séjour à Londres. Après ces études universitaires, je me suis présentée au concours de l'ISIT à Paris pour suivre un cursus de Master en interprétation de conférence.

Avec mon diplôme d'interprète de conférence en poche, ma première mission s’est tenue au sein du Comité Olympique dans le cadre des Jeux Olympiques d'Athènes en 2004.

Je travaille aujourd'hui pour l'Unesco, l’Organisation mondiale du commerce, l'OCDE et diverses agences de l'ONU, ainsi que différents ministères, institutions et sociétés internationales.

Je fais aussi du bénévolat pour un certain nombre d'organisations non gouvernementales et des associations.

Ce que j'aime le plus dans mon travail ?

Tout d'abord, j'en suis passionnée. Je travaille dans tellement de contextes différents, avec des personnes et personnalités de tous horizons>, dans une multitude de secteurs et de domaines. Servir de lien entre différentes cultures est un immense plaisir et l'interprétation me permet d'apprendre de nouvelles choses tous les jours.

Oui, être interprète n'assure pas la sécurité ou la stabilité, ne permet pas d'avoir des horaires de travail fixes et un planning à long terme ; oui, parfois on voyage un peu trop et un peu trop à l'improviste, mais j'adore mon travail ! »

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