Glossaire des termes de traduction et d’interprétation
Approche
Dans le jargon des interprètes de conférence, une approche est une indemnité versée à l’interprète pour le temps passé à se rendre sur le lieu de sa mission hors de la ville dans laquelle se trouve son domicile professionnel. Autrement dit, il s’agit du temps pendant lequel il n’interprète pas, mais qu’il consacre au client et durant lequel il ne peut accepter d’autres missions.
Par exemple :
Pour une mission d’interprétation à Helsinki de 9h00 à 17h00, l’interprète basé à Paris doit prendre l’avion Paris-Helsinki la veille. Il reprendra l’avion pour rentrer à Paris le lendemain de la mission. Ces 2 journées passées en déplacement sont indemnisées.
L’indemnité peut aussi couvrir le temps sur place pendant lequel l’interprète ne travaille pas, mais dont il a besoin pour s’adapter au décalage horaire éventuel.
Sur le marché institutionnel, ces conditions sont clairement définies par les accords entre les associations d’interprètes et les organisations internationales.
Sur le marché privé, il n’existe ni accord, ni conditions tarifaires imposées. Le montant de l’approche à verser doit donc être fixé au cas par cas ; il fait l’objet d’un accord entre la société d’interprétation et le client, et tient compte du temps de trajet et des horaires.
Bidule
Le dictionnaire de Wikipedia en donne au moins 5 sens possibles, mais dans le jargon des interprètes, il s’agit du matériel portable d’interprétation simultanée.
Lire notre article : « Valise de traduction ».
Combinaison linguistique
En interprétation, les langues de travail d’un interprète de conférence forment une combinaison linguistique et sont classées de la façon suivante :
« Langue A » – langue maternelle d’un niveau parfait ;
« Langue B » – langue étrangère d’un excellent niveau ;
« Langue(s) C » – langue(s) que l’interprète comprend dans toutes ses nuances et à partir desquelles il est capable d’interpréter.
Les langues A et B sont dites « actives », puisque l’interprète travaille dans les deux sens entre ses langues A et B (il travaille « de » et « vers » chacune de ces langues).
La/les langue(s) C sont «
passive(s) », car l’interprète travaille uniquement à partir de cette/ces langues vers sa langue A.
Dans certains cas, il est possible que l’interprète traduise vers sa langue B, mais il n’interprète pas vers sa langue C (on dit qu’il « ne fait pas de retour » vers elle). Dès lors que l’interprète est capable de travailler vers sa langue C, elle peut devenir sa langue B.
L’un des grands débats parmi les professionnels de l’interprétation porte sur la possibilité ou non pour une langue B de devenir une langue A.
Pour nous, la langue A est la langue maternelle et non pas une langue apprise.
Le concept de la « langue maternelle » est complexe est inclut, en plus de la dimension linguistique, l’arrière-plan culturel. Le vrai bilinguisme est un phénomène très rare : maîtriser une langue étrangère ne signifie pas être bilingue. Outre l’aspect linguistique, le bilinguisme inclut une dimension culturelle et émotionnelle. Défini de cette manière, le trilinguisme pour sa part, n’existe tout simplement pas.
Nous pensons que même s’il arrive, dans de rares cas, qu’une personne ait deux langues maternelles, maîtriser une langue apprise au même niveau qu’une langue maternelle est impossible.
Déproche
Dans le vocabulaire des interprètes de conférence, une déproche est une indemnité versée à l’interprète pour rémunérer le temps qu’il met pour rentrer de son lieu de mission à son domicile.
Il s’agit d’une demi-journée, parfois d’une journée entière – voire plus – que l’interprète passe dans l’avion, le train, la voiture, à l’aéroport, à attendre une correspondance… Certes, il ne fait pas d’interprétation proprement dite, mais il n’est pas disponible pour d’autres missions.
Les conditions de versement de la déproche sont définies, pour les organisations internationales, par les accords professionnels ; dans le cadre d’une mission pour le marché privé elles sont fixées au cas par cas.
Domicile professionnel
Par « domicile professionnel » on entend l’adresse officielle de l’interprète.
Le concept de domicile professionnel occupe une place importante dans l’organisation de la profession – et il ne faut pas oublier que, comme les interprètes sont le plus souvent amenés à former des équipes, cette notion a toute son importance !
En matière de domicile professionnel de l’interprète, on applique généralement la règle de l’Association internationale des interprètes de conférence ; un certain nombre de règles de l’AIIC ne font pas l’unanimité, mais tout le monde ou presque est d’accord sur celle-là : dès lors que l’interprète se déplace dans une autre ville ou un autre pays pour une mission d’interprétation, le client prend en charge les frais correspondants à son déplacement : transport, hébergement, repas, etc. Ainsi, un interprète basé à Paris demandera à ce que tous les frais relatifs à son déplacement professionnel à Bruxelles soient pris en charge par le client.
Ce principe favorise le recrutement local ou le « zéro kilomètre » : dans la même combinaison linguistique et à compétences égales, faire appel à un interprète dont le domicile professionnel se trouve à proximité du lieu de la conférence est plus avantageux pour un client ou une agence d’interprétation que de faire venir les effectifs d’une autre ville ou d’un autre pays.
Interprétariat ou interprétation
Interprétariat et interprétation : deux termes qui renvoient au métier d’interprète et qui désignent l’action de transmettre à l’oral le message exprimé dans une langue dans une autre. Dans le milieu professionnel, nous préférons parler d’« interprétation », ce qui souligne la qualité professionnelle du service.
Pour désigner cette même activité, certains emploient parfois les termes de « traduction » ou de « traduction simultanée ».
Pourtant, il existe deux activités bien distinctes : la traduction et l’interprétation.
La traduction se fait à l’écrit : on traduit les textes. L’interprétation, simultanée ou consécutive (ou interprétariat), se fait à l’oral – ou « en live », comme le disent parfois nos clients.
Certains professionnels réunissent les deux compétences, celle de traducteur et celle d’interprète, qui peuvent être complémentaires : s’il est indispensable d’aller vite dans le cadre d’une interprétation, la traduction permet un travail plus approfondi.
Interprétation consécutive
Voir notre page « Interprétation consécutive ».
Interprétation simultanée
Pour une explication détaillée de la façon dont ce mode d’interprétation s’organise, voir notre page « Interprétation simultanée ».
Interprète conseil
Un « interprète conseil » est un interprète qui propose à ses clients, outre son activité principale qu’est l’interprétation, les services de recrutement des équipes d’interprètes et, plus généralement, d’organisation de l’interprétation, y compris la location de matériel, la traduction des documents… Autrement dit, l’interprète conseil est en mesure de proposer une prestation complète pour un événement multilingue. L’interprète-conseil est un travailleur indépendant exerçant en libéral.
On a parfois tendance à opposer un interprète conseil et une agence d’interprétation. En effet, un grand nombre de sociétés proposant les services d’interprétation ne connaissent pas vraiment le métier de l’intérieur et n’ont pas en leur sein un professionnel du secteur.
De ce point de vue, CH Traductions est une rare exception : l’agence a été fondée par une interprète russe-français qui, en plus d’expérience en interprétation proprement dite, a concilié les deux activités pendant plusieurs années – l’interprétation de conférence et le conseil en interprétation – avant de fonder, en 2007, une société de traduction pour se consacrer à l’activité de recrutement.
Langues A, B, C
Ce sont les différentes langues de travail d’un interprète.
Voir aussi : combinaison linguistique
Langue d’arrivée
La « langue d’arrivée » est la langue vers laquelle se fait l’interprétation.
Chez un interprète, il s’agit soit de sa langue de travail A, soit de sa langue de travail B.
Les langues de départ peuvent être les langues A, B ou C de sa combinaison linguistique.
Dans les conférences incluant plusieurs langues et plusieurs cabines d’interprétation, le chemin jusqu’à la langue d’arrivée peut parfois passer par une langue intermédiaire – la langue pivot, maîtrisée par tous les interprètes de l’équipe.
On parle dans ce cas de la technique de relais qui permet d’assurer l’interprétation.
Langue cible
En interprétation, la langue dans laquelle l’interprète traduit (ou plutôt « interprète »), se nomme la « langue d’arrivée ».
En traduction, en revanche, la langue vers laquelle se fait la traduction s’appelle la « langue cible ». Lorsqu’il s’agit de traduire un texte de français en chinois, par exemple, le chinois est la « langue cible ». Pour établir un devis pour la traduction d’un document, c’est habituellement le nombre de mots dans le texte original et non pas celui du texte traduit qui sert de base. Ce mode de calcul permet au client de connaître le prix de la prestation à l’avance. Notons toutefois que ce principe est différent dans la traduction éditoriale, où les traducteurs sont considérés comme des auteurs. Le revenu est calculé sur la base du nombre de pages du texte final – une page comportant 1500 signes dans ce mode de calcul.
Le nombre de mots pour le même texte dans différentes langues peut varier fortement : dans certaines combinaisons linguistiques, la différence atteint parfois 40%. Ce taux est appelé le taux de foisonnement.
Langue de départ
La « langue de départ » est pour un interprète ce que la « langue source » est pour un traducteur : la langue dans laquelle est produit le discours original et à partir de laquelle se fait l’interprétation.
Les interprètes travaillant principalement sur le marché privé ont généralement 3 langues de travail :
– la langue A (langue maternelle) ;
– la langue active B (langue étrangère d’un excellent niveau) ;
– la langue passive C (une langue qu’ils maîtrisent, mais vers laquelle ils n’interprètent pas).
Ils travaillent habituellement en cabine d’interprétation bilingue, c’est-à-dire en équipe de 2, voire de 3 personnes capables de traduire dans les deux sens entre 2 langues.
La situation est différente sur le marché institutionnel, dans les organisations internationales : les interprètes ont le plus souvent plusieurs langues passives – langues de départ à partir desquelles ils traduisent vers leur langue maternelle uniquement, sans faire de retour.
Langue pivot
Ce terme est utilisé en interprétation simultanée : dans une conférence ou une réunion ou l’interprétation se fait entre plusieurs langues (3 et plus), la « langue pivot » est l’une des langues utilisées par les participants et maîtrisée en tant que langue A, B ou C par tous les interprètes de l’équipe. En d’autres termes, cette langue est présente dans les combinaisons linguistiques de tous les interprètes et est commune à toutes les cabines.
La langue pivot sert de « langue intermédiaire » pour l’interprétation à partir de l’une des langues de la réunion qu’un ou plusieurs interprètes ne maîtrisent pas. Ainsi, lorsque le français est la langue pivot, les interprètes de la cabine espagnole traduiront de l’espagnol vers le français ; ne maîtrisant pas l’espagnol, les interprètes de la cabine russe se serviront de la traduction en français de leurs collègues pour transmettre le message en russe.
Certes, la langue pivot est souvent l’anglais, le français ou l’espagnol. Mais il peut aussi s’agir, par exemple, du russe pour un événement en Russie, puisque le russe sera la langue de travail de tous les interprètes, le chinois en Chine ou l’arabe pour une conférence au Liban.
Langue source
En traduction, la « langue source » est la langue dans laquelle est rédigé le document et à partir de laquelle se fait la traduction.
Dans un document à traduire du français vers le russe, le français est donc la « langue source ».
Pour établir le prix de la traduction dans le cadre d’un devis, c’est généralement le nombre de >mots source – nombre de mots dans le document original – qui sert de base de calcul.
En interprétation, la langue source est appelée la « langue de départ ».
Relai
En interprétation simultanée, on parle de « relai » lorsqu’il y a une « langue pivot ».
La plupart des interprètes travaillant en simultané sur le marché privé ont pour combinaison linguistique
– une langue A,
– une langue B,
– une ou deux langue(s) C.
Certaines combinaisons linguistiques très rares – comme hongrois-polonais – n’ont pas d’interprètes, tout du moins dans certains pays : par exemple, il n’y a pas d’interprète chinois russe en France. Et pourtant, dans une réunion internationale, les participants chinois doivent malgré tout comprendre ce qui se dit en russe ! Que faire ? La solution magique est la « langue pivot », maîtrisée par tous les interprètes.
Un exemple : si l’anglais sert de langue pivot, le russe sera traduit en anglais et les interprètes de la cabine chinoise le « prendront en relais » – ils utiliseront l’interprétation en anglais de leurs collègues de la cabine russe pour traduire vers le chinois.
Pour bien remplir sa fonction de relais, cette première interprétation se doit d’être claire !
Retour
En interprétation de conférence, le terme de « retour » peut désigner deux choses :
L’interprétation vers la langue principale de la conférence :
Imaginez par exemple une conférence qui se déroule en anglais et est interprétée vers le français ; en cas de questions posées en français et interprétées vers l’anglais, il s’agit d’un retour.
Le retour doit être prévu à l’avance sur le plan technique, car certains types de matériel, comme la valise de visite guidée, appelée aussi « bidule », ne permettent pas de faire le retour en mode simultané.
La capacité de l’interprète de travailler vers sa langue active :
Normalement, les interprètes travaillent vers leur langue maternelle, la langue A.
L’interprétation à partir de la langue A vers la langue B s’appelle « le retour ».
Certains interprètes possèdent un tel niveau de maîtrise de la langue B qu’ils sont en mesure de faire le retour vers elle à partir de ou des langues C.
Dans certains cas, il est possible que l’interprète fasse un retour vers sa langue C, le plus souvent en mode consécutif.