Combien de domaines du droit existe-il ?
Et de « domaines techniques » – entre la métallurgie, l’automobile, la fabrication des circuits électroniques ?
Et de domaines en médecine ?
Est-ce qu’un interprète professionnel, souvent amené à intervenir pour une réunion du secteur aéronautique, une conférence sur l’alimentation animale et une formation en cosmétique dans la même semaine, peut réellement être spécialisé dans un domaine en particulier ?
Donc, avec les spécialisations en interprétation de conférence, comment ça se passe ?
Rappelons avant tout que les interprètes possèdent une vaste culture générale, un diplôme d’études supérieures obtenu avant leur Master d’interprétation, une capacité à analyser les informations, saisir le sens et cerner le contexte, ainsi qu’une grande curiosité, indispensable pour étudier les sujets des conférences à interpréter.
Sans ces qualités, et notamment sans un vif intérêt pour tout sujet et une soif d’apprendre, l’exercice du métier d’interprète est inconcevable. Le jour ou l’interprète cesse d’être curieux, il est préférable qu’il change de métier.
Aussi, plus les interprètes avancent dans leur carrière, plus ils ont d’années d’interprétation derrière eux, plus les sujets qu’ils ont eu l’occasion d’interpréter sont variés, plus ils ont eu l’occasion d’expérimenter des formats divers de conférences et de réunions et plus ils deviennent, pour ainsi dire, « tout terrain ».
Par exemple, nous avons l’honneur d’interpréter, depuis plusieurs années maintenant, les conférences de presse de la course automobile « 24 heures du Mans » — et forcément, nous essayons de faire en sorte que ce soient les mêmes interprètes qui assurent l’interprétation ; ces interprètes commencent effectivement à « s’y connaître ». Mais ceci ne veut pas dire que :
leur interprétation était de moins bonne qualité les premières années,
ni qu’une préparation minutieuse de chaque nouvelle conférence n’est plus nécessaire…
Ni que ces connaissances vont leur être utiles pour interpréter une formation sur le système informatique de maintenance de Renault, relevant pourtant elle aussi « du domaine automobile » !
Formation des interprètes
Au cours de leur formation en interprétation de conférence, les interprètes apprennent à apprendre, c’est-à-dire non pas à devenir – en l’espace des deux ou trois jours dédiés à la préparation de la réunion – des experts en automobile (en droit, en finance ou en médecine), mais à « extraire » de la masse du contenu les points essentiels, les concepts « pivots » fondamentaux, indispensables à la compréhension de l’ensemble, et les connexions entre eux, ainsi que les termes clés et leur signification.
Certes, la compréhension du sujet par l’interprète est assez superficielle (encore une fois, on ne devient pas avocat spécialisé en droit des affaires en une semaine), mais elle permet d’assurer une interprétation réfléchie et de qualité, en utilisant les bons termes.
Bien sûr, quand un interprète intervient régulièrement pour le même client, il acquiert un historique, une connaissance du contexte et du jargon professionnel propre à telle ou telle société – parfois au point d’être capable de sortir de son rôle d’interprète, en conseillant son client sur les particularités culturelles de son partenaire ou client étranger.
Ainsi, lorsque l’on nous demande un « interprète spécialisé », nous pourrions répondre « oui, bien sûr », et ce ne serait pas faux, mais nous préférons mettre l’accent sur les compétences, la capacité d’adaptation et l’aptitude de nos interprètes à travailler sur tous les sujets – à condition d’avoir tous les éléments et outils nécessaires à une bonne préparation !